De rerum natura
Personnes sensibles, enfants, Elz, passez votre chemin, il va être question de molécules excitées, de feuilletés provençaux déments et de crimes haineux.
Si chacun sait que l’incandescence est une émission de lumière due à la chaleur, on oublie trop souvent que les électrons peuvent être excités par d’autre méthodes que le chauffage. Ils produisent alors des lumières dites froides: c’est la luminescence. Je me doute bien que vous voudriez voir l’excitation gagner les électrons. Les voici, ces polissons, sur une photographie du CEA.
Il existe deux types de luminescence. Si l’on en croit Wikipedia, la phosphorescence consiste en une suite de pertes d'énergie par des électrons qui ont été excités et qui retournent à des niveaux d'énergie plus bas. Le fait que cela se passe lentement relève du domaine de la mécanique quantique : le retour des électrons à leur état habituel concerne un passage interdit.
J’admire beaucoup cette définition qui s’avère absolument incompréhensible, surtout en ce qui concerne le “passage interdit”. De même, je me demande bien, puisque ça n’est pas la chaleur, comme on a vu plus haut, ce qui peut bien les exciter, ces électrons???
Bref, il reste un type de luminescence, dont la définition est tout aussi vaseuse, ils s’agit de l’émission lumineuse provoquée par l’excitation d’une molécule immédiatement suivie d’une émission spontanée. C’est la fluorescence.
Jusqu’à notre dernier Sewing Mardi, j’avais fort peu affaire au fluo,qui pourtant est en vogue, même si mon rabibochage récent avec mes vieux amis Rabelais, Sévigné, Rousseau, Musset, Gide & Co m’a rapprochée de mes surligneurs.
Et bien sûr, je me sers de mon stabilo violet pour décalquer les patrons. J’en profite pour vous présenter mon cutter rotatif jaune, cadeau de mon acolyte, presque aussi prodigieux que les pinces clover.
Je l’ai essayé sur du jersey depuis, et vraiment ça change tout!
Nous avons cousu des robes froncées des IPBB
deuzan sans marges de couture. Comme j’étais une fois de plus décidée à verser dans le gris avec un Plumetis From Paris (Merci, ma Chère!) teint en anthracite, je me suis dit que c’était l’occasion de lui adjoindre un biais fluo from Paris too (Merci, ma Chère) (à me relire, je me demande si je ne suis pas en train de développer une attitude d’assistée…mais j’ai des excuses, vous connaissez Lingorama).
Le résultat est très joli, mais très difficile à photographier: le gris semble moins gris et le fluo moins fluo.
J’ai trouvé des pressions Ar Brinic presque assorties!
Et en plus ça va avec le sac mou défi 13 remplacé par le Rangelutin!
Bien sûr, j’ai stupidement oublié d’enlever les marges de couture aux bretelles qui se trouvent du coup un peu larges. Comme je n’ai plus assez de biais fluo pour recommencer, je vais m’en satisfaire.
Et de dos:
N’allez pas croire que nous n’avons rien mangé de la journée! Comme il faisait beau, nous avons déplacé le Sewing Mardi En Arbois, sur la terrasse d’Hirsinger. Je pense que cela mérite un collage.
J’ai spécialement agrandi le lustre et la peinture qui orne le mur. Sur le moment, elle nous a paru représenter un feuilleté provençal devenu fou, mais maintenant je me demande si ça n’est pas tout bonnement un électron excité.
Avec ça, un rosier rouge s’impose. Comme il était moribond depuis deux ans, je ne connaissais pas la couleur de ses fleurs jusqu’à ces derniers jours, où il a eu la force d’en produire une.
Vous savez que depuis quelques temps, je cherche des idées de chroniques pour succéder aux gorilles et aux rosiers.
J’envisage d’ouvrir une rubrique Crimes Haineux (rappel, le Crime Haineux, ou Hateful Crime, ça sonne mieux en anglais, prend pour cible une victime en raison de son appartenance réelle ou supposée à un groupe social défini par la race, l’ethnie, la nationalité, l’âge, le sexe, le handicap, le parti politique ou l’orientation sexuelle de ses membres).
On ne croirait pas comme ça, mais le Greenland est un repaire de criminels endurcis.
J’ai été témoin par exemple de l’attaque d’un pauvre chou par d’immondes larves Cthulhiennes.
Quelques jours plus tard, j’ai été attirée dans la véranda par des hurlements de détresse.
Je suis arrivée trop tard pour sauver cette pauvre mouche dont les ailes vibrionnaient encore faiblement. Elle est morte sous mes yeux.
Et la meurtrière s’est précipité pour la dévorer. C’est l’occasion pour nous de méditer sur la plus célèbre objection à la doctrine de la création divine, formulée déjà par Lucrèce en son De rerum natura : “Mais quand même je ne connaitrais pas la nature des éléments, j’oserais assurer, à la simple vue du ciel et de la nature entière, qu’un tout aussi défectueux n’est point l’ouvrage de la divinité."