Repos du Barbare
Quand le Barbare rentre au logis après sa journée de rapines et de meurtres, il enfile sa chemise de nuit.
En plus d’être vaillant, le Barbare est fidèle, aussi porte-t-il la même chemise de nuit depuis 2005 au moins.
Au fil des ans, il m’est devenu de plus en plus difficile de la supporter. Au fur et à mesure que son bleu mièvre devenait plus pâlichon, les taches de mafé se faisaient plus voyantes, et des trous ont fait leur apparition.
Il y a quelques mois, j’ai coincé le Barbare, je lui ai dit qu’il fallait qu’on parle, que c’était elle ou moi.
Il m’a dit qu’il ne pouvait pas y renoncer, qu’avec ses longues manches elle était la seule à lui réchauffer l’avant bras là où ses rivales laissaient les poignets glacés, que sa longueur et son ampleur garantissaient le repos le plus voluptueux, que sa douceur ne connaissait pas d’égale patati, patata.
Je me suis donc efforcée de copier l’originale à l’identique,
avec ses grandes manches qui prennent bien le poignet,
sa longueur bien couvrante (le Barbare a quand même enfilé un jean pour les besoins du shooting),
et ses indispensables bordures contrastées. Les immenses manches ne tenaient pas dans le coupon gris, j’ai été obligée de les faire dans le tissu blanc, seule liberté prise par rapport au modèle original (pas du tout rentable cette chemise de nuit, elle a pris pas loin de 3m de jersey?!?)…
Tandis que le Barbare se prélasse en chemise de nuit, je m’emploie à relever le niveau.
Et hop, ni vu ni connu, un petit rosier (il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que j’en mette un second: ils sont splendides, en ce moment).
Je me suis dit qu’il me fallait minimum une jupe crayon Burberry Prorsum à taille haute (vous ne trouvez pas que cette pub est effarante, avec ce gamin aux longs pieds et au rire de hyène, cette pauvre dame de gauche aux seins trop bas et au boléro trop court, et celle de droite qui a oublié son pantalon et découpé son trench?)
OMG, ces pieds…
Comme je suis ruinée, il m’a fallu me contenter d’un patron de Gertie et d’un coupon de gabardine marine en lieu et place de la jupe Burb’ en satin chair.
En fait je voyais un peu le résultat comme ça, quoi. Et pourtant…
C’était une toile, mais je me suis quand même appliquée pour les finitions.
La ceinture taille haute est arrondie sur l’avant.
Les double-pinces m’intriguaient et m’inspiraient confiance à la fois.
L’ourlet rapporté était censé faire écho aux points rouges de la fermeture éclair (mais si, mais si, regardez bien la première photo).
Bref. Tout ça en pure perte, puisque de toute façon je déteste le résultat, et n’en ferai jamais de version définitive (le Lutin a eu l’air de penser que des socquettes noires pourraient arranger les choses, donc il m’en a apporté une paire, nettement visible sur le cliché).
Après, il m’a tendu un coussin pour cacher ces fameuses double-pinces, finalement fort laides. Et je ne vous parle même pas de l’ourlet trompette.
Bref. Je commence à avoir de sérieux doutes sur les patrons de Gertie. C’est le deuxième que je tente et qui ressemble à un sakapatatt (regardez cette blouse flasque et mauve si vous ne me croyez pas…).
Et à propos de barbares, ne manquez pas sur Arte+7 l’excellent documentaire d’Alexander Gentelev, “L’Honneur des Brigands”. C’est sur la mafia russe, super émoustillant.
Je vous recommande tout particulièrement les témoignages de Vitaly Demotchka.
Comme l’indique son faciès avenant, Vitaly est vraiment un philanthrope.
D’ailleurs à un moment,il confie que dans sa jeunesse, il se rendait toujours à un rendez-vous avec un sécateur et un doigt coupé, le galant homme.
Tant qu’on y est , cerise sur le gâteau pour qui raffole des endroits abandonnés: connaissez-vous le photographe Andre Govia?
N’allez pas voir son Flickr un jour de déprime, hein, surtout…on se croirait dans Resident Evil pour playstation (1996, autant dire la Madeleine de Proust).
(C’est dingue: après tant d’années, je me souviens encore de CETTE pièce et de CE zombie!) (Lecteurs, je vous avais prévenu, c’était un post barbare, hein!)
Bon, ben sur ce, adios amoebas!