Vous avez dit bizarre?
Une simple observation empirique nous apprend facilement que les gens deviennent souvent de plus en plus bizarres en vieillissant.
Moi par exemple, ça fait déjà pas mal d'années que j'ai constaté que je me transformais en ma grand mère.
J'ai d'abord développé un goût suspect pour les confitures maison.
Ensuite j'ai appris à tricoter et à coudre.
Depuis, je suis de plus en plus misanthrope et casanière.
Je me couche aussi anormalement tôt.
Bref, les signes de déclin abondent.
Cet été, néanmoins, je vais avoir quarante ans (c'est à peine croyable) et il me semble que je franchis allègrement un cap important entre l'originalité et la folie douce.
IL SEMBLERAIT QUE JE DEVIENNE UNE OBSEDEE DES POUPEES.
Je sais que ça arrive, je ne me raconte pas d'histoire...mais à moi ?!
Au début, je me racontais que je cousais juste une autre tenue pour Emile - pas de sexisme chez nous!
Les garçons aiment les robes de bal, c'est connu.
Et les salopettes, évidemment.
Ensuite j'ai fabriqué juste une dernière petite poupée pour voir.
Et il lui a fallu un pyjama.
Bon, il lui a aussi fallu une robe en lin et un gilet en mérinos. C'est quand même pas de ma faute!
Et une robe rouge et un châle mais c'était JUSTE POUR LA ROUTE.
Bref, à la mi-juin, j'étais fichue, je décidais de me lancer sérieusement dans une vraie poupée de 50 cm à visage sculpté. C'est un travail de malade qui s'est étendu sur plusieurs semaine et qui a abouti à ça:
A l'heure actuelle cette grande poupée n'a pas encore de cheveux, mais elle a un corps, c'est déjà ça.
Et je lui ai déjà fait des habits, bien sûr.
Ayant tenté une grande poupée il a fallu dans la foulée que j'en essaie une minuscule!
Et comme mine de rien sculpter/ coudre/ broder ces poupées est très éprouvant pour les mains, j'ai continué avec les petits vêtements - JUSTE pour me reposer les doigts.
Au bout de quelques semaines j'en avais déjà des dizaines.
Une idée chassait l'autre, je n'arrivais plus à m'arrêter.
J'ai réalisé que ça devenait pathologique quand les enfants ont complètement arrêté de les regarder et de me les réclamer.
Emile et Paillette ont tellement d'habits qu'ils en sont devenus nudistes par esprit de contradiction.
C'est là qu'une idée machiavélique m'est venue:
Je me suis dit que j'allais les vendre!
Apparemment - surtout aux Etats Unis mais aussi ailleurs - il y a plein de gens qui collectionnent les poupées - et du coup les vêtements de poupée.
Cette idée m'a complètement décomplexée.
Je n'ai pas arrêté de bidouiller des patrons, d'extrapoler des mesures, de commander des ouvrages épuisés des années 70.
Bref, j'ai claqué pas mal d'argent, quoi.
Après les vacances je verrai ce que j'ai et j'essaierai de tout mettre sur Etsy pour voir si des gens veulent me les acheter!
Je me demande bien ce que vous en pensez, chers et fidèles lecteurs. Je sais bien qu'au plan commercial, c'est une entreprise absolument désespérée, (rien que le temps de tricoter un petit gilet se compte en heures, ça n'est absolument pas rentable!) mais mon idée serait surtout de ne pas coudre tout ça pour rien et de surcroît de ne pas entasser tout ce fourbi dans mes placards (je ne tiens pas à vieillir étouffée sous des poupées et des dentelles).
BON. Dites-moi tout de go si vous pensez que je suis devenue folle à lier.
Pendant ce temps, heureusement, la vie a continué.
Enfin la vie et la mort aussi puisque nous avons consacré un week end bucolique dans les Vosges à la dispersion des cendres de mon grand-père. C'était très chouette, paradoxalement.
Le jardin a prospéré.
Et les enfants aussi...
Ils ont fêté la musique...
Il a fait moche.
J'ai fait passer le bac.
Longuement.
Très longuement.
Puis il a refait beau.
Et le jardin a continué à pousser, évidemment.
Dans ces conditions autant se baigner.
Ou faire des acrobaties.
Ou se promener dans les blés.
Ou ramasser les patates.
Et c'est comme ça que le quatorze juillet est arrivé.
Et c'est comme ça que j'ai fini mon billet. Vive l'été, et vive la vie!