Bulletin Spécial Lutin
Depuis janvier, nous cohabitons avec un Lutin.
Dans l’ensemble, ça se passe plutôt bien, surtout depuis qu’il me laisse coudre tranquille…
Je sais que d’ordinaire, les Mères Admirables préparent l’arrivée d’un enfant longtemps à l’avance, notamment en tricotant des petits pulls, des baby blankets et des chaussons, et en cousant des brassières, des doudous ou des corbeilles à lingettes. C’est utile, et ça meuble l’attente interminable.
Pour ma part, je n’avais rien cousu pour le Lutin, et j’avais bien raison, puisque c’est depuis que j’ai voulu lui faire des vêtements que les ennuis ont commencé.
D’abord, j’ai eu du mal à choisir les modèles. Je suis toujours attirée par les vêtements féminins qui me paraissent à la fois plus faciles et plus jolis (qui a envie, je veux dire VRAIMENT envie de coudre une chemise de safari, un pantalon cinq poches et braguette ou un queue de pie???).
Après de longues tergiversations, décidée à prouver ma dévotion maternelle coûte que coûte, j’ai jeté mon dévolu sur le cardigan “Belloc” de , et sur la jolie salopette Maxime de Citronille.
Il a ensuite fallu choisir les couleurs, et à nouveau j’ai trouvé le choix bien plus restreint pour un garçon que pour une fille. J’ai finalement opté pour un alpaga anthracite de La Droguerie dont j’ai oublié le nom (peut-être bien lichen, mais je ne le jurerais pas). Rien n’allait avec dans mes tissus, et donc j’ai fait Maxime en jean foncé EdH, doublé dans l’affreux pilou MT déjà employé pour ce lointain manteau au col difforme (ça me fait plaisir de le revoir, je vois que j’ai quand même progressé, depuis).
Comme le Lutin porte du six mois, il m’a paru naturel de lui tricoter son gilet en six mois.
Citronille being Citronille la salopette a nécessité plus de réflexion. J’ai d’office ratiboisé un centimètre de largeur sur chaque pièce. Puis, comme le Lutin est grand et fin, j’ai ôté un gros centimètre sur toute la largeur de la taille 3 mois. Ensuite, j’ai pris du six mois en hauteur, en emmanchures et en col. Enfin, comme il n’y avait quasiment plus de place pour la tête après avoir tant réduit la largeur, j’ai redessiné les encolures devant et dos, étrécissant ainsi les bretelles.
Je préfère vous montrer cette photo surexposée qui permet de camoufler les défauts. Je n’ai pas réussi à trouver la tension correcte qui permette à la fois de coudre les épaisseurs simples et les couches de jean superposées. Du coup, la surpiqure de poche est molle et flottante, limite bouclée par endroits, en plus d’être irrégulière et trop loin du bord. Par ailleurs, je ne sais pas si c’est les pois ou les deux cornes latérales, mais je la trouve très moche, cette poche.
Par contre, s’il y a bien quelque chose qui m’enchante dans cette salopette, c’est l’entrejambe super professionnelle pourvue de pressions Ar Brinic (bénies soient elles, car je déteste l’idée des boutons et boutonnières – mais où diantre Citronille avait-elle la tête en proposant cette solution bizarre? Vous vous imaginez boutonnant et déboutonnant un Lutin boxeur toute la sainte journée? On nage en plein délire).
Bref, même si les couleurs ne me plaisent pas trop, je croyais quand même avoir fait une tenue à mon Lutin. Je sentais bien que c’était peut-être un peu grand, et je me disais que Tant Mieux, qu’il la Porterait Longtemps.
En fait, Dans Longtemps.
Pour Citronille, la chose est connue, cette dame n’a pas le sens commun et ses tailles ne veulent rien dire. Par contre, pour la Droguerie, c’est d’autant plus troublant que j’avais fait un échantillon, suite au fiasco du Navy Doudou.
Deux échantillons aux aiguilles 3,5. En violet (ou “bruyère”), l’alpaga de la droguerie (10cmx5cm). En mauve (“London Sky”, ils disent, vous avez déjà vu le ciel de Londres comme ça, vous?), la Malabrigo Lace (10cmx10cm).
En gros plan, voilà ce que ça donne, et peut-être un début d’explication. Là où la Malabrigo donne un résultat assez dense qui se tient bien, voyez comme l’alpaga semble mou et laisse apparaître des jours entre les mailles! Je me demande si ça n’est pas lui qui se distend démesurément après blocage et transforme mes tricots en sacs.
Ragot: figurez-vous qu’une inconsciente m’a laissé un commentaire élogieux sur l’abominable Navy Doudou taille baleine. Pour la punir de sa flagornerie, je l’ai aussitôt menacée de le lui envoyer. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de lire sa réponse! Elle accepte. Je ris bien à l’idée de la sale surprise qu’elle va avoir…
Mention légale: vous avez sans doute remarqué que dans mon enthousiasme à vous faire partager mes lubies, il m’arrive très souvent de piller le matériel iconographique d’autrui (rien que dans ce message, un dessin de Rien Poortvlie issu de ce livre génial écrit par Wil Huygen
la photo d’une malle-armoire Vuitton garnie d’une poupée et de son trousseau chipée sur le site d’une exposition, un sapeur congolais rencontré sur une page tumblr, et ce magnifique sosie de mon navy doudou trouvé sur Ravelry). Je sais bien que cette pratique contrevient terriblement et au code civil pour le droit à l’image (articles 226-1 à 226-8), et au code de la propriété intellectuelle pour le droit d’auteur, (loi du 11 mars 57 et loi du 3 juillet 85), mais je ne peux pas m’empêcher…